Salu t perdu ? [Maria]

Alastar regarda Zippo marcher à ses côtés, intrigués. D’habitude, le Salamèche affectionnait plus que tout d’être accroché à l’épaule de son dresseur, la tête nichée dans son cou, se laissant trimballer d’un bout à l’autre de Mégapagopolis. D’un autre côté, plus ça allait, et moins Zippo lui semblait comme d’habitude. Depuis l’escarmouche avec un Dimoret contre Yuugure, et encore plus après “l’incident” dans la Forêt Dense… Son Pokémon ne s’était pas contenté d’apprendre deux nouvelles attaques. Il avait… Grandi. Très peu physiquement, mais moralement surtout. Il agissait moins comme un bébé Pokémon. Était-ce un signe de l’approche de l’évolution ? Maintenant qu’il s’était un peu renseigné, le blondinet savait que les Salamèche évoluaient assez jeunes. Il s’était néanmoins réservé la surprise de ce que deviendrait Zippo après évolution. Certains parents refusaient de savoir de quel sexe serait leur enfant, eh bien lui n’avait aucune envie de savoir quelle était la forme évoluée de son type feu. Il voulait la découvrir par lui-même, quand le moment viendrait.

Il croisa les mains derrière son crâne, tentant d’ignorer l’anxiété que lui inspiraient les changements récents dans le comportement de son Pokémon. Il avait envie de se rendre à l’arène, mais il ne se sentait pas encore tout à fait prêt. Les nouvelles attaques de Zippo, Choko et Pyxis n’étaient pas tout à fait maîtrisées par eux. Si Pyxis avait très naturellement pris le contrôle de son Jet de Pierre, elle avait encore du mal à réaliser une Cage-Eclair précise et correcte, tandis que l’illusion produite par la Feinte de Choko laissait grandement à désirer. Il soupira. Ils étaient de repos cet après-midi, mais que faire pour s’occuper ? Dans le vague, il avait laissé ses pieds le porter, son lézard enflammé à ses côtés.

Et comme on aurait pu le prévoir, il ne lui fallut pas bien longtemps pour se perdre.

L’endroit lui évoquait plus ou moins le centre ville, mais il ne voyait aucun de ses repères. Pas de centre Pokémon, pas la boutique de nourriture Pokémon à droite de la fontaine, pas de bars envahis de jeunes dès 18 heures… Il était définitivement, honteusement et absolument perdu.

Il rassembla le peu de dignité qui lui restait après cet égarement d’une stupidité académique et entra dans le premier commerce qu’il aperçut -un fleuriste, il se sentait d’autant plus viril-, décidé à demander son chemin. Il ne lui vint cependant pas à l’esprit de rappeler son Salamèche.

Une flamme ambulante, aucune raison qu’un fleuriste n’apprécie pas.

“Excusez-moi, il y a quelqu’un ?”

*Bonjour, je viens pour ne rien acheter et vous faire perdre cinq minutes de votre journée, où est l’office du tourisme ?*

Cette journée avait si bien commencé. Le soleil illuminait les rues de Mégapagopolis et frappait derrière les baies vitrées de son petit commerce. Maria avait ouvert de bonne heure aujourd’hui, alors qu’il restait encore un peu de fraicheur matinale. Elle était heureuse, aujourd’hui. Il n’y avait pas vraiment de raison, ou peut-être que si, une toute particulière. Elle rouvrait son fleuriste après ses petites vacances sur le bord de mer. Après avoir eu les poumons emplis d’embruns marins, elle retrouvait enfin les doux fragrances de ses orchidées, ses hibiscus et de toutes les autres variétés de plantes qu’elle proposait. En entrant, elle avait inspiré à pleins poumons comme pour savoir qu’elle était réellement chez elle.
Puis elle avait préparé sa petite boutique. Quelques plantes en pot furent sorties pour orner la devanture à l’aide des pouvoirs psychiques de Sól, les quelques feuilles qui avaient pu tomber durant ses vacances furent ramassés. Et d’un œil satisfait, elle admira sa boutique à nouveau parfaite.

Et les clients arrivèrent bientôt. Enfin, elle aurait tout de suite voir qu’ils n’avaient rien de clients ordinaires. Quatre gars pas vraiment nets, ça ne devait pas venir pour acheter quelque chose à offrir à leur copine. Sauf qu’elle avait commis l’erreur de les laisser rentrer avec leur dégaine louche et leur regard vide de toute intelligence.
Et la journée fut gâchée.

Encore derrière son comptoir, Maria y fut bloquée par les quatre qui formèrent comme une ligne de sécurité. C’était là qu’elle avait comprit que les fleurs ne les intéressaient absolument pas. Un vol alors ? C’était bien la première fois qu’elle voyait un groupe de malfrats s’en prendre à un fleuriste si c’était le cas ! Elle n’avait pas envie de s’énerver, aujourd’hui était tellement bien parti. Pourquoi fallait-il qu’elle soit importunée par des minables qui ne comprendraient que quand Ygg les aura mis dehors à coups de lianes qu’elle n’était pas une fleuriste comme une autre.
Sa Sidérella était restée dans un coin de la boutique, faisant profil bas comme pour leur faire croire qu’elle était inoffensive. Tyr était resté dans la réserve en attendant les autres de sa dresseuse. Puis l’un des hommes la toisa avec un air qu’elle n’aurait su qualifier mais qui ne lui plut pas.

« Alors ma p’tite dame ? On a cherché à changer de vie ? » Maria le regarda d’abord d’un air supérieur. Mais ses sourcils se froncèrent lorsqu’il dit ceci. Elle ne comprenait pas pourquoi il lui parlait de ça. Comme pouvait-il savoir ? Se foutait-il d’elle ? Elle fit mine de ne pas comprendre. « Pardon ? Je ne suis pas votre p’tite dame, je vous prierai de surveiller votre langage ! Et je ne sais pas de quoi vous voulez parler ! » Un fin sourire se dessina sur les lèvres du chef du groupe. Ça avait l’air de lui plaire qu’elle résistait. D’un geste de la main, il fit comprendre à ses camarades d’infortune qu’ils devaient sortir leurs pokémons. Smogo, Mouflair, Crapustule et Vigoroth. Maria soupira. Ils voulaient vraiment se battre et sa boutique allait être réduite en miette. ‘Fait chier !

« Vous avez déjà oublié qui vous étiez ? En tout cas, nous non. On sait très bien que vous êtes Frejya et on connait quelqu’un qui sera ravi de vous voir de nouveau, héhé ! » Les doigts déjà sur la pokéball de son Méganium, Maria était prête à le libérer pour se libérer de ces cancrelats. Mais néanmoins, une cinquième "client" entra dans la boutique. Un garçon, un blond. Il lui rappelait quelqu’un … Mais le salamèche qui trainait à côté de lui fit oublier cette pensée. Il demandait s’il y avait quelqu’un. Et Maria fut tentée de lui crier que non, il y avait juste quatre inconnus, une fleuriste et six pokémons. Mais elle préférait qu’il ne soit pas témoin de ce qu’il allait se passer. « Hé, toi, tu ferais bien de revenir un peu plus tard. J’ai quelques cloportes à éradiquer. »

Et elle ne pensa plus à lui. Elle vint à nouveau planter son regard dans celui du pseudo-chef. Les sourcils froncés de colère cette fois, elle lui dit, pensant que le garçon s’en était allé : « Je ne sais pas pourquoi vous croyez que je suis cette Frejya. Mais une chose est sûre, si vous ne sortez pas rapidement de ma boutique, je devrai vous y contraindre. »